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Selon une nouvelle étude, un évènement de réchauffement planétaire aurait été déclenché au cours de la période de l'Eocène moyen (il y a 40 millions d'années) par des taux importants de dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère. Les résultats, publiés dans la revue Science, permettraient aux scientifiques de prédire l'impact du CO2 sur le réchauffement planétaire à l'avenir. Les experts expliquent que notre planète s'est réchauffée pendant une courte période, perturbant ainsi le refroidissement à long terme qui se produisait depuis 10 millions d'années. Cette période de réchauffement que les experts appellent Optimum climatique de l'Eocène moyen (MECO - Middle Eocene Climatic Optimum) a duré 400 000 ans. Menés par des chercheurs de l'université d'Utrecht et de l'institut royal néerlandais pour la recherche maritime, les scientifiques ont utilisé une technique innovante, la paléothermométrie moléculaire organique, sur des fossiles de planctons pour confirmer que l'atmosphère avait absorbé de grandes quantités de CO2 et qu'une augmentation de la température (jusqu'à 6° C) avait accompagné cette augmentation de carbone atmosphérique.
Selon les chercheurs, la relation causale entre l'augmentation des taux de CO2 et les températures marines vient corroborer les modèles récents qui prévoient une augmentation de la température des mers de 2 à 5° C pour un taux de CO2 deux fois plus élevé. Certains sites dans le monde apportent des preuves de la période de réchauffement MECO.
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Notre article est parmi les premiers à montrer que les concentrations de CO2 et de températures ont fluctué en parallèle à cette époque", selon les citations par Reuters du Dr Peter Bijl de l'université d'Utrecht et auteur de l'article.
Les résultats étayent également les spéculations quant à l'utilisation de modèles climatiques existants. Reuters a par ailleurs cité les propos de Jeff Kiehl, responsable de la section de recherche sur le changement climatique au centre national de recherche atmosphérique aux États-Unis (qui ne participait pas à l'étude), lequel déclarait que "
l'étude décrit un évènement de réchauffement réel et non pas prédit par un modèle". "
Cette étude montre que la planète est sensible au CO2 et que cette sensibilité correspond à une augmentation des températures de surface des mers", explique-t-il. "
Ces éléments ne proviennent pas d'un modèle, il s'agit de données réelles qui peuvent être utilisées pour tester les modèles actuels afin de vérifier la véridicité de leurs prévisions."
Les chercheurs ont examiné des échantillons de sédiments prélevés dans le plateau oriental de Tasman au site 1172 de forages océaniques (ODP) dans l'océan Antarctique. Les échantillons ont été prélevés il y a une dizaine d'années par des chercheurs souhaitant recréer l'ouverture entre les sous-continents de l'Antarctique et de l'Australie, qui étaient reliés il y a 40 millions d'années. L'équipe a évalué les molécules fossiles des algues pour reconstruire les anciennes concentrations de CO2.
Le Dr Bijl commente les résultats en ces termes : "
Pour résumer, le changement de concentration en CO2 il y a 40 millions d'années était trop important pour résulter d'un changement de température et des conséquences associées. Cette quantité de CO2 offre une explication plausible des changements de températures terrestres."
Notes
Cette étude était partiellement financée par le projet DINOPRO («From Protist to proxy: dinoflagellates as signal carriers for climate and carbon cycling during past and present extreme climate transitions»), soutenu par une subvention de démarrage du CER (Conseil européen de la recherche) d'une valeur de 1,5 million d'euros au titre du septième programme-cadre (7e PC), en vue de développer et d'appliquer une méthode avancée de reconstruction intégrée des changements antérieurs dans le cycle du carbone et du changement climatique.
Référence
Bijl, P.K., et al. (2010) Transient Middle Eocene atmospheric CO2 and temperature variations. Revue Science, 330: 819-821. DOI: 10.1126/science.1193654.
Auteur
© Communautés européennes, 1990-2010 / CORDIS, http://cordis.europa.eu/
Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de [color:99c1=#039]notre-planete.[color:99c1=#9c3]info