.Info : Notre Planète.info du 30.05.2013
Corrida en France : derrière les murs de la honte à Alès
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Pendant que des milliers de militants défilaient contre la corrida dans les rues d'Alès, 16 taureaux furent torturés et tués derrière les murs des arènes. Une vidéo réalisée par Jérôme Lescure (réalisateur du film A.L.F.) témoigne de ce spectacle affligeant qui renvoie l'Homme à sa pire médiocrité : le plaisir de donner la mort.Alès, capitale des Cévennes, organisait sa grande Feria annuelle du 7 au 12 mai 2013. Lors de cette fête "populaire", et plus précisément durant le week-end, se sont déroulées deux corridas espagnoles sacrifiant chacune six taureaux adultes, ainsi qu'une novillada qui comporte quatre jeunes taureaux de deux ans. Ce sont donc seize animaux qui ont été torturés à mort pour le plaisir de la foule. Dans ce contexte, le CRAC Europe (Comité Radicalement Anti-Corrida) avait fait le pari de réunir les militants anti-corrida pendant l'ensemble du week-end et sous la forme de trois grandes marches, qui ont eu lieu au même moment que chacune des trois corridas.
Parti tenu puisque des milliers de personnes (entre 1 200 et 4 000 selon les comptages) se sont mobilisées, sous les bannières d'associations anti-corrida et de défense des animaux[1] pour demander l'abandon de la corrida en France.
Si les corridas n'ont pu être interrompues, la mobilisation a été un succès et l'opinion publique a démontré son hostilité grandissante à cette « boucherie-spectacle ». En effet, Malgré l'importante campagne publicitaire effectuée en faveur des corridas d'Alès et le soutien des autorités, les 3 000 billets disponibles n'ont pas tous été vendus : « seuls deux tiers des tribunes étaient occupés lors de la corrida du samedi, et la moitié seulement pour la novillada du dimanche. Ce bilan signifie que, les 11 et 12 mai à Alès, il y avait plus de monde dans la rue pour dénoncer les immondes pratiques de la tauromachie, que de spectateurs dans l'arène pour se réjouir du martyre des taureaux sacrifiés. Ce week-end, les militants ont donc inversé la vapeur et un pas de plus a été franchi vers l'abolition de la corrida. » se satisfait l'association Animaux en péril.
Soulignons que les organisateurs de cette manifestation ont eu bien du mal à obtenir leur droit légitime et légal à manifester et se sont vus déboutés par le Maire d'Alès et le tribunal de Nîmes dans un élan de solidarité anti-démocratique. Jean-Pierre Garrigues, vice-président du Comité Radicalement Anti-corrida Europe résume ainsi ses déboires avec les autorités : "
Dans ce pays, si nous voulons être entendus, nous devons être très fermes, ne rien lâcher, utiliser tous les moyens légaux à notre disposition (référé liberté par exemple). En tout cas, une chose est certaine, les autorités ont enfin compris que nous ne plaisantions pas. La peur doit changer de camp. C'est aux tortionnaires et aux sadiques à avoir honte."
Pendant que des milliers de manifestants dénonçaient cette horreur, Max Roustan, le maire d'Alès protégeait ce spectacle avec plus de 600 CRS... Jérôme Lescure et Jean-Marc Montegnies (président d'Animaux en Péril) ont réussi à entrer dans les arènes pour photographier et filmer la souffrance puis l'agonie de plusieurs taureaux, immortalisant l'horreur mise en scène derrière ces murs de la honte, bien gardés.
DERRIÈRE LES MURS... Alès le 11 et 12 mai 2013 par jeromelescureDimanche matin, lors de la novillada, un jeune taureau, presqu'un veau, a été transpercé par une épée et ses boyaux sont sortis par l'ouverture. Les aficionados joyeux se moquaient du taureau : "on dirait un arbre de noël !", commente Jérôme Lescure.Attention ! Vidéo déconseillée aux personnes sensibles.
La corrida : Patrimoine immatériel français...Rappelons que depuis le 22 avril 2011, la tauromachie est inscrite sur la liste du Patrimoine immatériel français. Une première mondiale...
Cette inscription est, selon les textes, une mesure de sauvegarde en soi, laquelle peut être renforcée par des attributions de subvention et des campagnes de promotion. Elle est le résultat d'une longue démarche, conduite par l'Observatoire des Cultures taurines, non pas, en vue d'un classement à l'Unesco, mais pour affirmer l'aspect culturel de cette tradition dans douze départements de France.
Il a ainsi été reconnu notamment par le ministère de la Culture que "la corrida est en grande partie dépositaire de la richesse et de la diversité actuelle du patrimoine tauromachique français et, au-delà, constitutive d'une certaine unité des identités territoriales du Sud-Ouest et du Sud-Est en dépit des spécificités locales. L'originalité de l'espace tauromachique français réside dans la coexistence de trois spectacles taurins autonomes : la corrida, la course landaise et la course camarguaise (...)".
Alors que l'article 521-1 du code pénal stipule : « Le fait, publiquement ou non, d'exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende. », l'alinéa 7 de cet article accorde une dérogation aux corridas : « Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Elles ne sont pas non plus applicables aux combats de coqs dans les localités où une tradition ininterrompue peut être établie. »
Finalement, tout est négociable en matière de légalité : la "tradition" pouvant justifier l'immobilisme et l'obscurantisme.
La corrida n'en demeure pas moins qu'un pseudo-art d'un autre âge, protégé par des élus et des décideurs qui n'hésitent pas à user d'autoritarisme contre le respect de la démocratie et du vivant. Un constat affligeant dans un pays comme la France.
Manifestation anti-corrida à Captieux (33) dimanche 2 juin 2013Ce dimanche 2 juin, à l'appel de l'association L214 soutenue par le CRAC Europe, une manifestation d'opposition à la corrida se tiendra sur la commune de Captieux en Gironde. Cette mobilisation fait suite à l'organisation par l'association Renouveau et Tradition d'une feria autour d'un tournoi de rugby le samedi et d'une corrida le dimanche.
La corrida mettra en scène la mise à mort de 6 jeunes taureaux par des matadors amateurs. Le droit reconnaît actuellement que ces actes s'apparentent à des sévices graves ou à des actes de cruauté mais autorisent ces mises à mort en raison de leur caractère traditionnel.
Là aussi, le maire, M. Georges BERNARD, a tenté d'interdire la manifestation en prenant un arrêté municipal. L'association L214 a saisi le Tribunal administratif de Bordeaux en déposant un référé en urgence. Le maire a alors annulé son arrêté et un parcours a été négocié entre les services de l'État, de la gendarmerie, de la commune et de L214.
Le cortège partira dimanche 2 juin, 14h30, départ Zone industrielle, plate-forme de l'ex gare.
Notes
- Dont : Comité Radicalement Anti-corrida (CRAC) Europe, L214, Fondation Brigitte Bardot, Animaux en péril.
Sources
- Compte-rendu des manifestations d'Alès - CRAC Europe
- Succès historique pour le rassemblement anti-corrida à Alès - Animaux en Péril
- FERIA Démonstration de force des Anti-corridas à Alès... En images - ObjectifGard
Auteur Christophe Magdelaine / notre-planete.info - Tous droits réservés
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