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| Sujet: L'eau dit potable contaminé par les médicamments Lun Oct 07 2013, 00:38 | |
| Info : Midi LibreL'Hérault : l'eau potable serait-elle contaminé par les médicaments "On a voulu anticiper sur la réglementation de l’eau" avec le projet Libellule, à Saint-Just, explique Jérôme Schuehmacher (à dr.). (Ph. B. CAMPELS) ... Sur la base d’une expérimentation à Saint-Just (Hérault), un ex-directeur de clinique héraultais part en croisade contre cette pollution invisible.C’est une pollution invisible, sournoise. "85 % des médicaments que nous ingérons sont rejetés via les urines et les selles", explique Eric Blin, à la tête d’un programme baptisé Libellule lancé il y a trois ans à Saint-Just, aux portes de Lunel, à l’initiative de la Lyonnaise des eaux. L’idée : installer une zone humide sur un hectare et demi au débouché d’une station d’épuration, pour mesurer comment la biodiversité peut piéger les résidus médicamenteux et cosmétiques que n’avait pas retenus ladite station.
Des recherches en cours Paradoxe apparent : en lieu et place de ce qui n’était auparavant qu’une friche prolifèrent aujourd’hui des plantes en tous genres, abritant ragondins et canards. Mais pour mieux leur faire absorber à leur tour tous ces polluants. Rien de très neuf : "Le roseau était utilisé par les Égyptiens pour épurer l’eau", souffle un ingénieur de la Lyonnaise des eaux, Jérôme Schuehmacher. Et on n’en sait guère plus qu’à l’époque : "Les labos sont capables d’aller chercher ces micropolluants dans l’eau, pas dans les plantes, tout ça est nouveau." Mais les analyses progressent, et un projet associé à Libellule devrait y contribuer. Nom de code : Zhart, pour zone humide artificielle. Dans une grande serre, au Cailar (Gard), Lyonnaise et laboratoires affinent l’expérimentation de Saint-Just.
Les géants du secteur de l’eau commencent à s’en préoccuper, sur fond de communication soignée mais à petite échelle. "On a voulu anticiper sur la réglementation de l’eau", qui devrait se durcir sur les médicaments, explique Jérôme Schuehmacher. Les lobbys travaillent à ralentir l’ouvrage. Trois substances pharmaceutiques - deux hormones de synthèse et l’anti-inflammatoire diclofénac - auraient dû être ajoutées par l’Europe, cet été, à la liste des molécules à surveiller. Patatras. Des débats sur les seuils retardent l’avancée.
Les médicaments ne font pas encore partie des paramètres à analyser Une station d’épuration en bon ordre de marche stoppe 80 % des micropolluants. Sur les 20 % - ou plus - qui repartent dans les rivières et les nappes, "un tiers des molécules ne sont pas retrouvées", assure l’ingénieur de la Lyonnaise, une fois l’eau passée dans les méandres de la zone humide.
Et quid des stations d’eau potable, qui à leur tour iront puiser dans les rivières et les nappes ? Les traitements par charbons actifs, ozonation et UV seraient plus efficaces. Mais les médicaments ne font pas partie des paramètres à analyser. Les associations 60 millions de consommateurs et France Libertés ont prouvé, au printemps, la présence de résidus médicamenteux dans l’eau du robinet et dans les eaux en bouteille.Sans compter la dangerosité de cocktails de micropolluants. "Toute la chaîne alimentaire est touchée, de l’algue aux poissons, insiste Eric Blin. On constate des problèmes de reproduction, de poissons féminisés, à cause de ces cocktails qui agissent comme des perturbateurs endocriniens."
De plus en plus de substances rejetées Le temps presse, assure le Biterrois Olivier Toma, ancien directeur de clinique reconverti dans une agence spécialisée dans l’expertise sanitaire, Primum Non Nocere. "On est sur une bombe, affirme-t-il. En chimiothérapie, on rejette les molécules dans l’eau, elles sont elles-mêmes cancérigènes." Olivier Toma souligne que "le seul système" efficace, le procédé Loïlyse, est utilisé au cancéropôle de Toulouse. Mais il coûte cher : 500 000 € l’appareil. Et sachant que "la chimiothérapie à domicile se développe et que ça se diffuse partout dans la société, il vaudrait mieux que les stations d’épuration le prennent en charge, plutôt que les hôpitaux".
Olivier Toma s’indigne du gaspillage de médicaments dans un pays, la France, qui en est gourmand. "Heureusement que la ministre de la Santé vient de proposer leur vente à l’unité", lance-t-il, scandalisé en revanche qu’aucun circuit n’existe pour recueillir les médicaments non utilisés par les établissements de santé. Et par les particuliers ? "Le réseau Cyclamed en récupère chaque année 14 000 tonnes." C’est dire le poids de tous ceux qui échappent à la récolte, conservés dans les placards, jetés à la poubelle ou dans les égouts... Une masse invisible. Insaisissable. Comme cette pollution de l’eau qui échappe à la réglementation, poisson trop vif nourri aux poisons médicamenteux.
UNE PROPOSITION DE LOI AUX VERTUS ÉCOLOGIQUESLes zones humides, en aval des problèmes, n’empêchent pas de se pencher sur les parades à trouver en amont. C’est en tout cas l’idée du député UMP biterrois Elie Aboud, qui vient de déposer une proposition de loi visant à lutter contre l’impact des résidus médicamenteux sur l’environnement.Le gouvernement vient d’obliger les laboratoires à mentionner le service médical rendu (SMR) sur les boîtes des médicaments, et non plus sur les seules notices à l’intérieur des boîtes, trop souvent ignorées. A ce SMR - qui mesure l’efficacité supposée d’un traitement -, Elie Aboud souhaite ajouter, toujours sur la boîte, un SER : autrement dit un service écologique rendu, qui renseignerait sur le niveau « d’élimination de ces produits dans la nature », indique le député. Les médicaments ingérés par l’homme se dégradent plus ou moins bien dans l’eau. Patients et médecins pourraient, si cette proposition de loi était retenue, choisir les produits en connaissance de cause.Elie Aboud a été sensibilisé à cette question par Olivier Toma, directeur de l’agence biterroise Primum Non Nocere. S’inspirant d’une réglementation mise en place en Suède, Olivier Toma évoque une grille baptisée PBT (pour Persistance sur l’environnement, Biodégradation et Toxicité), allant de 1 à 9. A efficacité médicale égale, chacun aurait la possibilité de faire un geste pour l’environnement en optant pour le plus biodégradable. L'article à sa source
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