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 Anticorrida assignés en correctionnelle : soutenons les !

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MessageSujet: Anticorrida assignés en correctionnelle : soutenons les !   Anticorrida assignés en correctionnelle : soutenons les ! Icon_minitimeLun Mar 24 2014, 05:48

P. AVAAZ  7 Mars 2014

Anticorrida assignés en correctionnelle : soutenons les !

Anticorrida assignés en correctionnelle : soutenons les ! Bb7a8efc60e82495e135236de44cd595

Destinataire:  Madame la Ministre de la Justice Christiane Taubira


A Madame la Ministre de la Justice et Messieurs les Procureurs Généraux,
Nous, citoyens français pour l'abolition de la corrida, déplorons la restriction abusive de l'un de nos droits fondamentaux : la liberté d'expression.
Nous rappelons que nous demandons un débat au Parlement depuis des années, en vain.
Actuellement des particuliers sans antécédents judiciaires, chargés de famille pour beaucoup, sont auditionnés, assignés et condamnés en correctionnelle pour des motifs tels que : manifestation illégale, injures, menaces...
Face à la surcharge des tribunaux, aux restrictions budgétaires et à la montée de la délinquance, n'y a t'il pas des délits et crimes autrement plus graves à sanctionner ?
Pourquoi les infractions dont sont victimes les citoyens anti-corrida lors des mêmes manifestations ne seraient-elles pas instruites et poursuivies avec la même diligence ?
Nous protestons contre les assignations systématiques des militants, et demandons l'abandon immédiat des charges retenues contre eux jusqu'au retour a la neutralité du gouvernement, et l'ouverture d'un débat au Parlement. .
Avec nos respectueuses salutations..
Les citoyens français pour l'abolition de la corrida ..


Auteur : Carine T. Belgique

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MessageSujet: Re: Anticorrida assignés en correctionnelle : soutenons les !   Anticorrida assignés en correctionnelle : soutenons les ! Icon_minitimeLun Mar 24 2014, 06:06

Article à lire sur Charlie Hebdo


Procès du président du CRAC Europe : accusé Garrigues, levez-vous!

À la suite de l’action organisée à Rion-des-Landes par Animaux en péril, le CRAC Europe et la Fondation Bardot le 24 août 2013, en vue d’empêcher une novillada où 8 taurillons devaient être mis à mort par des apprentis toreros, Jean-Pierre Garrigues, à l’époque vice-président du CRAC Europe(élu président en janvier 2013), a été, ainsi qu’il le précise, l’objet de plusieurs plaintes. À travers lui, c’est l’association, fort dynamique, qui est visée. Le procès a (déjà !) eu lieu lundi 24 marsau tribunal de grande instance de Dax. Entretien quelques jours avant avec un « délinquant », docteur en écologie, ingénieur des Ponts, des Eaux et des Forêts, et enseignant en économie.

Anticorrida assignés en correctionnelle : soutenons les ! Luce-taureau

De quoi êtes-vous précisément accusé, et de quelle nature sont les plaintes ?

J'ai la bagatelle de 14 plaintes contre moi! Un premier paquet de 12 (le club taurin de Rion-des-Landes et 11 particuliers) pour injures publiques, sous forme de citation directe. Les «injures» en question? Notre vocabulaire habituel: «pervers, sadiques, barbares, tortionnaires», avec une petite variante supplémentaire, car le nombre d’enfants spectateurs était hallucinant. La petite sortie dominicale de familles entières. J’ai alors parlé de «parents dégénérés», et je l’assume. La 13et la 14e concernent, pour les mêmes motifs, la personne physique que je suis et ma personne en tant que président du CRAC Europe. On nous reproche donc d’une part d’avoir «organisé une manifestation ayant été interdite sur la voie publique par arrêté municipal n° 2013.07.193 en date du 19 juillet 2013 pris par le maire de Rion des Landes». D’autre part d’avoir «exposé directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente, en jetant des fumigènes ou en donnant des instructions de jets de fumigène aux participants à la manifestation interdite sur la voie publique».

Et enfin, on nous reproche d’avoir «entravé de manière concertée et avec violence ou voie de fait à la liberté du travail, et ce au préjudice du cercle taurin Rionnais pris en la personne de son représentant légal, M. Bernard Dehez, président, en pénétrant dans les arènes de Rion des Landes, en créant une chaîne humaine, en s’asseyant dans le ruedo, empêchant les toreros et leurs cuadrillas d’exécuter leurs contrats dans les temps initialement impartis».

Quelle est votre défense ?
Je ne citerai pas un certain nombre de points qui seront développés par mon avocat, maître Jean-Robert Nguyen-Phung, du barreau de Montpellier. 


Ce que je peux vous dire sur les supposés «injures», c’est qu’il faut tout de même rappeler que la corrida constitue des «sévices graves et des actes de cruauté» sur animaux selon l’article 521.1 du Code pénal. Les aficionados ont la fâcheuse tendance à l’oublier. Pour cette plainte qui sera auditionnée le matin du lundi 24 mars 2014, je pense que nous allons assister à un débat sémantique. Quand on fait subir des sévices graves, on est un tortionnaire, quand on le fait avec plaisir et que l’on prend plaisir à le voir, on est un sadique et un pervers. De nombreuses personnalités, et aussi des journalistes, parlent d’actes de barbarie. Quant aux parents qui amènent leurs enfants voir ces horreurs, leur responsabilité est sérieusement engagée…

Pour les autres plaintes, comme j’ai pu le dire au gendarme chargé de l’enquête, nous ignorions l’existence de cet arrêté municipal. Par ailleurs, nous assumons le fait, dans les actions de type «Rodilhan», d’organiser des actions non déclarées. L’effet de surprise est justement l’objectif. Au sujet des fumigènes, la consigne que nous avons donnée, en tant qu’organisateurs (Animaux en péril, CRAC Europe et Fondation Brigitte Bardot), est de ne pas les lancer, de les garder en main jusqu’à complète combustion. Si des fumigènes ont été lancés au cœur de l’arène, c’est suite à un déchaînement de violence policière de la part des gendarmes, avec des militants gravement blessés. Avec des militants jetés dans les escaliers, des coups de poing sur les mains, des membres tordus, des jets de fumigènes à bout portant sur des militants immobiles… Les gendarmes ont perdu le contrôle de la situation et l’ont fait payer à des militants pacifistes. Quant au droit du travail des toreros, on pourrait croire à une plaisanterie tant ce petit monde est opaque en ce qui concerne les finances et les contrats. Le gendarme qui m’a auditionné m’a précisé: «On attend de les voir, ces contrats»…

Qui vous soutient?

Toutes les associations partenaires, des dizaines de milliers de militants, des personnalités, de manière spontanée, comme le professeur Hubert Montagner ou Brigitte Bardot, le journaliste Henry-Jean Servat. De nombreux magistrats, écœurés par ce qui constitue un véritable acharnement judiciaire. On sent vraiment le deux poids deux mesures, c’est réellement scandaleux. On attend toujours le procès de nos agresseurs du 8 octobre 2011 à Rodilhan, pour des faits autrement plus graves. À Rion-des-Landes, le 24 août 2013, un militant est tombé dans le coma suite au tabassage par un aficionado clairement identifié. Et que propose-t-on à ce monsieur comme peine? Un travail d’intérêt général à ses frais! Sans commentaire.

En cas de condamnation, envisagez-vous de poursuivre la lutte, et jusqu’à quel point?

On peut s’attendre à une condamnation exemplaire, totalement disproportionnée. Ce procès est manifestement politique. Et je le dis clairement et de manière sereine: rien ne nous arrêtera. L’abolition est en marche et les intimidations en cours (des dizaines de militants sont auditionnés et en cours de fichage — prise des empreintes digitales et photos — en ce moment suite à notre manifestation déclarée à Rodilhan le 27 octobre 2013 – AEP, CRAC Europe et FBB) ne seront d’aucun effet, bien au contraire. Les autorités n’ont pas encore compris qu’une armée pacifique était levée et que le nombre de militants actifs augmente de jour en jour, tout comme le nombre de nos donateurs et adhérents. Le petit monde de la torture tauromachique est aux abois. Un député du Cantal veut à tout prix nous faire passer pour des violents (Alain Marleix, président du groupe d’étude sur la tauromachie à l’Assemblée nationale) en inventant des faits: bus incendiés dans le Sud-Ouest, militants danois venus en découdre dans le sud de la France, et même un classement de la corrida au patrimoine culturel immatériel mondial de l’Unesco. Au secours!

Les aficionados sentent la fin proche, et, comme à chaque fin de règne, se défendent par tous les moyens. Ce sera peine perdue. Car, finalement, nous ne demandons qu’une chose: un débat démocratique sur le sujet, tant au niveau local que national. Débat refusé par des aficionados («Quel débat?» pouvait dire Alain Marleix sur l’antenne de Sud Radio) qui prennent la République en otage et nous plongent depuis bien trop longtemps dans une dictature tauromachique. Cette époque est révolue, ils vont devoir le comprendre.

  • www.anticorrida.com
  • www.fondationbrigittebardot.fr
  • www.animauxenperil.be


Propos recueillis par Luce Lapin , avec le soutien des «Puces»! (Chronique de protection animale dans Charlie Hebdo version papier.)

AJOUT. Christophe Marie, directeur du bureau de protection animale et porte-parole de la Fondation Bardot , ainsi que Jean-Marc Montegnies, président d’Animaux en péril , coorganisateurs avec le CRAC Europe de l’action du 24 août 2013 à Rion-des-Landes, sont également cités à comparaître ! Ils ont été convoqués il y a peu. Sur le site d’Animaux en péril, on apprend que « les enquêteurs de la Gendarmerie de Dax (qui ont auditionné longuement les trois prévenus) étaient assistés par la cellule “Section extrémismes violents et analyse transverse” de la direction générale de la Gendarmerie, une cellule sous les ordres directs de Manuel Valls. En outre, [Valls] se vantait dans les colonnes du Midi Libre [18/09/13]d’avoir la capacité de bloquer toute initiative parlementaire sur le sujet ». Tous deux risquent jusqu’à 45 000 euros d’amende et trois ans de prison. J.-P. Garrigues, encore plus. Pour une action pacifique…
DERNIÈRE MINUTE. Lundi 24 mars, 15 heures. Une lectrice de Charlie, sur place, vient de m’appeler. Quinze personnes seulement ont pu entrer au tribunal de grande instance de Dax, 50 autres se sont vu refuser l’accès, des barrières les empêchant de passer, suite à une interdiction de circulation prise par le maire. Elles attendent à l’extérieur…
Auteur : Luce Lapin

 study Article Charlie Hebdo
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MessageSujet: Re: Anticorrida assignés en correctionnelle : soutenons les !   Anticorrida assignés en correctionnelle : soutenons les ! Icon_minitimeMer Avr 02 2014, 09:18

Copie reçu par Mail

Lettre ouverte de Hubert MONTAGNER

au sujet de la comparution de Monsieur Jean-Pierre GARRIGUES le 24 mars 2014
devant le Tribunal de Grande Instance de DAX

 Les actions, écrits et paroles de Monsieur Jean-Pierre GARRIGUES pour demander l’abolition des « spectacles » de corrida et donc, en particulier, la protection des enfants et des adolescents, s’inscrivent dans un combat altruiste, civique, juste et noble qui fait honneur aux valeurs morales, aux valeurs (vraiment) culturelles et, sans aucun doute, aux valeurs humanistes du peuple de FRANCE. La Justice n’a pas le droit moral de condamner pour ses seuls propos un homme guidé par le respect de la vie, le message d’indignation prôné par Stéphane HESSEL, justement plébiscité par l’opinion publique de la FRANCE, et la révolte légitime contre les souffrances infligées à des animaux dont l’exécution est programmée.

Comment peut-on en effet accepter un « spectacle » dont la finalité est une mise à mort scénarisée de taureaux par des « spécialistes » de « la torture tauromachique» dont les « outils » sont des piques qui traversent le corps de l’animal et des banderilles fichées dans son échine et ses flancs, avant une ou plusieurs estocades sanglantes par un homme ou une femme d’apparat ? C’est, objectivement, un « spectacle » sanguinaire dans une ambiance d’arène romaine sous les vivats d’une foule en liesse qui, le pouce abaissé, réclame la mort pour satisfaire un « plaisir » morbide, celui de tuer pour tuer. Nous sommes ainsi renvoyés aux arènes de l’Antiquité où les spectateurs baissaient eux aussi le pouce pour demander la mort du gladiateur vaincu à CESAR, NERON, CALIGULA… dont le pouvoir se nourrissait de la distribution de pain et de l’organisation de jeux dans le but de flatter le peuple afin de s’attirer la bienveillance de l’opinion publique (« panem et circenses, traduit par du pain et des jeux »)

Cependant, le « spectacle » de la corrida est, si on peut dire, encore plus dégradant car le taureau n’a aucune chance d’échapper à la mort. Contrairement à ce que clament les partisans de la corrida, et contrairement aux combats entre gladiateurs, ce « spectacle » n’a en effet rien d’un combat. D’ailleurs, il n’y aucune preuve scientifique que les taureaux soient des animaux de combat. Ils sont exécutés sans avoir la moindre possibilité de fuite et leurs cornes n’ont pas de « fonction » d’attaque, même si elles sont acérées. Les charges « cornes en avant » ont des « fonctions » essentiellement défensives, dissuasives et de « conquête des femelles », au cours des « luttes de dominance » entre taureaux selon les rituels de l’espèce (la « ritualisation »), comme cela est largement démontré par les recherches  scientifiques en éthologie. Néanmoins, le taureau est considéré par les acteurs de la tauromachie et les aficionados comme un animal de combat, et donc glorifié comme un combattant qui « force l’admiration »., alors que,  pourtant, tout promeneur peut traverser un pré où paissent des taureaux paisibles sans être attaqué, sauf circonstances exceptionnelles. 

Où est la considération pour le supposé combattant lorsque, mis à mort par le toréador, sa dépouille sanglante est « évacuée » comme une charogne, quasiment une ordure qui souille le sable de l’arène. Il y a une « cerise » sur le gâteau :  l’une de ses oreilles, ou les deux, et sa queue sont coupées pour être offertes au tueur « en habit de lumière » si celui-ci a tué dans les règles. Pourtant, l’article 521.1 du Code Pénal définit la corrida comme relevant de « sévices graves et actes de cruauté sur des animaux », et devrait donc être interdite. Les propos de Monsieur Jean-Pierre GARRIGUES ne sont pas antinomiques avec la loi. Au contraire. En effet, pour reprendre les termes du Code Pénal, la corrida est incontestablement un  « spectacle » fondé sur des actes de cruauté. Les picadors, les toréadors et les autres acteurs sont objectivement cruels (selon le Larousse, cruel : « qui manifeste de la cruauté, de la dureté, une absence de pitié », ou encore « qui cause une souffrance morale ou physique »). Les mots prononcés par Monsieur Jean-Pierre GARRIGUES reflètent ou traduisent effectivement chez les acteurs de la corrida et les aficionados des états psychologiques, des trais de caractère, des conduites, des personnalités, des mentalités… cruels. Par exemple, pervers (selon le LAROUSSE, « méchant, cruel ») ; barbare (selon le LAROUSSE, « d’une grande cruauté, inhumaine ») ;sadique (selon le LAROUSSE, « qui manifeste une méchanceté, une cruauté systématique et gratuite »).
S’agissant d’autres termes : tortionnaire (selon le LAROUSSE , « personne qui torture quelqu’un pour lui arracher des aveux ou par sadisme » ; s’agissant de sadisme, c‘est le cas des acteurs de la corrida).
Concernant les « parents dégénérés », et toujours selon le LAROUSSE, dégénérer signifie « perdre des qualités propres à son espèce, passer à un état inférieur, perdre de son mérite, de sa valeur ». Il y a effectivement, et malheureusement, des parents qui perdent le sens des valeurs morales, affectives et éducatives, et le « mérite » d’élever leur(s) enfant(s), dès lors qu’ils sont aveuglés par leur passion pour la mise à mort de taureaux dans une arène. Les « jeux du cirque » leur font perdre toute lucidité et décence.

Juridiquement, il est également incompréhensible et inacceptable que, dans un pays de droit, les personnes qui déposent une plainte auprès d’un tribunal au sujet de propos qui ont déplu, ne connaissent pas le sens et la signification des mots qu’ils entendent (ni d’ailleurs celui des mots qu’ils utilisent : voir les assimilations par les chantres de la corrida entre les personnes, associations et mouvements qui luttent pour l’abolition de la corrida et les nazis qui exterminaient les juifs !) . La langue française a une sémantique et une sémiologie qui doivent être respectées, surtout lorsqu’on se permet de proférer et d’écrire des accusations obscènes (selon le LAROUSSE, est obscène ce «  qui choque par son caractère scandaleux, immoral »). C’est l’un des ciments et l’une des fondations de la nation.

Dans un autre ordre d’idées, il est incroyable qu’en 2014 on ignore, sous-estime, « dénature » ou rejette une réalité universelle :l’organisation et la fonctionnalité du système nerveux sont les mêmes chez tous  les Mammifères, en particulier celles des organes sensoriels, des structures nerveuses centrales, des « voies » et réseaux neuronaux qui sont impliqués dans la douleur et la souffrance. Autrement dit, alors qu’il ne parle pas et ne peut donc verbaliser sa souffrance, le taureau a vraiment mal et souffre réellement lorsqu’il est percé par les piques et les banderilles, puis transpercé par l’épée qui l’exécute. Comme tous les Mammifères qui subissent des blessures, y compris l’Homme. En contact permanent avec toute la gamme des souffrances humaines, et souvent confrontés à la maltraitance des animaux domestiques, de compagnie ou familiers par des humains, les magistrats ne peuvent sous-estimer, négliger ou ignorer cette évidence : le taureau est un être sensible et de souffrance… comme tous les êtres humains.

Dans la corrida, il n’y a pas que le taureau qui souffre. Evidemment sensibles à la maltraitance qu’ils subissent et à la souffrance causée par des agressions physiques et/ou psychologiques, les enfants sont également sensibles, et sans aucun doute, aux « spectacles » de maltraitance et de souffrance dont ils sont les témoins, surtout quand ils sont installés au quotidien dans l‘insécurité affective, c’est à dire le sentiment d’être abandonnés, oubliés, délaissés, négligés, en danger. Surtout, quand ils cumulent les facteurs d’insécurité affective dans le milieu familial (parent(s) malade(s), pauvreté, chômage ou perspective du chômage, conflits aigus et récurrents entre les parents, fratrie agressive… ), à l’école (enfants qui se sentent non aimés ou rejetés par l’école ou le Maître), dans le groupe de pairs et dans la « cité ». N’ayant pas confiance en soi et dans autrui, ne pouvant développer l’estime de soi, ne pouvant dépasser leurs peurs, leur anxiété, leurs angoisses et/ou leurs inhibitions, et ne pouvant libérer et maîtriser leurs émotions, ces enfants sont particulièrement sensibles à la maltraitance et à la souffrance dont ils sont les témoins, même quand ils « n’affichent » pas leur mal-être tout de suite. Cela s’accompagne de troubles du rythme veille-sommeil (difficultés d’endormissement, cauchemars et terreurs chez les plus jeunes), de conduites de repli sur soi,  d’évitements des autres, de comportements de fuite, d’une turbulence jugée excessive dite « hyperactivité », de conduites d’agression et/ou de destruction… souvent incompréhensibles pour un « observateur » non averti. Il en résulte notamment des conséquences négatives sur leur affectivité, leurs attachements, leurs conduites sociales, leurs processus de socialisation et leurs capacités ou envies d’apprentissage.

Ces enfants, en fait la quasi-totalité des enfants, même sécures, se montrent très affectés et troublés par le « spectacle » réel (non virtuel) des souffrances causées aux animaux, qu’ils soient sauvages (animal pris dans les mâchoires d’un piège, blessé par  les balles d’un chasseur, égorgé…), ou qu’ils soient domestiques, de compagnie ou familiers (chiens ou chats battus, heurtés par un véhicule, agressés par un autre ou un humain…). Certains sont sidérés, d’autres pleurent et sont inconsolables. D’autres encore développent des réactions de détresse bouleversantes. Certains apparaissent traumatisés tout de suite et pendant des jours, parfois des semaines, d’autres ne révèlent leur traumatisme que plus tard, parfois après plusieurs mois. La sidération, le chagrin, la détresse, le bouleversement… de ces enfants sont « lisibles » dans leurs questions, leurs dessins ou peintures, et leurs écrits. Les effets d’un « spectacle » de souffrances réelles, sous les yeux et entendues, ne sont pas comparables aux effets d’un « spectacle » virtuel et donc imaginé, même si celui-ci met en scène des violences meurtrières. Les enfants sont parfaitement capables de faire une différence entre le réel et les « cinémas » du » virtuel.

On ne voit donc pas pourquoi et comment des enfants ne seraient pas affectés par le « spectacle » de taureaux qui sont torturés et mis à mort dans l’arène. S’il n’y a pas de recherches scientifiques sur ce thème, c’est parce qu’elles sont impossibles à réaliser sans biais au plan méthodologique en raison des multiples facteurs, situations et environnements qui changent et fluctuent tout au long du développement et de l’âge d’un enfant (elle posent aussi des problèmes d’éthique). Les différentes influences subies peuvent affecter différemment le comportement à un moment ou à un autre du développement et de l’âge. En outre, comment pourrait-on constituer des échantillons fiables d’enfants selon qu’ils ont assisté à une, deux, dix… corridas, selon qu’ils ont réellement accepté de se rendre à ce « spectacle », selon qu’ils ont été contraints par un ou des parents, un ou des amis ou voisins, en particulier s’ils sont des aficionados. En s’abritant derrière l’absence de preuve scientifique directe sur les effets négatifs du « spectacle » de la corrida, les organisateurs et promoteurs de corridas, ainsi que les meneurs des aficionados, sont des démagogues. Ils savent bien qu’une étude scientifique, en tout cas sérieuse et fiable, sur les effets de la corrida chez les enfants, est impossible à réaliser sans biais. C’est à dire, une étude avec une méthode et des protocoles reproductibles qui aboutissent à des résultats vérifiés et vérifiables. Il ne suffit pas de demander à des enfants s’il ont apprécié ou non un tel « spectacle », s’ils veulent y retourner, si leurs parents approuvent ou non… On sait bien que la plupart répondent surtout ou uniquement en fonction des attentes qu’ils perçoivent chez les questionneurs (les enfants sont des êtres sensibles et intelligents… qui ne veulent pas se mettre en danger en formulant un avis différent de celui de leur interlocuteur).

Il existe sans aucun doute une forte probabilité que de nombreux enfants, sinon la totalité, soient affectés, troublés  et perturbés par un « spectacle » de corrida. Il est donc de la responsabilité des élus et des autres acteurs de la vie publique de s’inscrire dans un principe de précaution en interdisant le « spectacle » de la corrida, en tout cas aux enfants et aux jeunes de moins de seize ans. Il faut en même temps fermer les écoles de tauromachie où « on » apprend aux enfants à manier des armes blanches avec pour objectif de tuer des veaux et/ou des vachettes… pour le plaisir de tuer. Il arrive même qu’ils les tuent vraiment, comme des vidéos le montrent. Comment des magistrats avertis, compétents, sensibles et garants du respect des lois qui protègent les plus fragiles et vulnérables, pourraient-ils ne pas condamner ces réalités indignes qui ont la cruauté comme fondement ? Comment pourraient-ils condamner des propos qui dénoncent les agissements cruels des organisateurs, promoteurs et aficionados de la corrida… alors que les personnes indignées utilisent des mots sémantiquement et humainement justes ? Monsieur Jean-Pierre GARRIGUES a fait preuve de sens moral et de civisme quand il a utilisé les termes de barbares, pervers, sadiques, tortionnaires, parents dégénérés… pour fustiger la passion barbare, perverse, sadique, tortionnaire, de « parents  dégénérés »… des acteurs de la corrida et des aficionados. Objectivement, il protège les enfants de « spectacles » qui rongent le psychisme des plus vulnérables, sans compter peut-être les désordres psychosomatiques comparables à ceux de stress vécus dans d’autres situations… ou plus graves.

La Loi et la Justice doivent mieux protéger les enfants.

Une tradition fondée sur des « salves » de blessures et la mise à mort sanglante d’un animal, fait-elle partie de la culture au pays des Lumières et des Droits de l’Homme… du nord au sud et de l’est à l’ouest ? Assurément, non. Une culture fondée sur une tradition déshumanisée et sanglante est-elle encore et vraiment une culture ? Assurément, non.

Hubert MONTAGNER

Docteur ès-Sciences


Professeur des Universités en retraite
ancien Directeur de recherche à l’INSERM
ancien directeur de l’unité « Enfance inadaptée » de l’INSERM
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