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Notreplanete.info du 28 janvier2013
L'expérimentation animale : des souffrances inutiles ? C. Magdelaine / notre-planete.info Il y a quelques jours, les défenseurs américains des animaux ont obtenu une grande victoire : l'arrêt quasi-total des expérimentations médicales sur les grands singes aux États-Unis, pour des raisons éthiques. Cette nouvelle est l'occasion de revenir sur les souffrances imposées aux animaux au nom de la recherche « très scientifique », un argument de plus en plus contestable comme le montrent une série de rapports.Rien que dans l'Union Européenne (UE 27), environ 12 millions d'animaux sont utilisés à des fins expérimentales. Les souris (59 %) et les rats (17 %) sont de loin les espèces les plus utilisées. Mais on trouve également les oiseaux (6,4 %) et les animaux à sang froid (9,6 %). Plus de 60 % de ces animaux ont été utilisés dans la recherche et le développement pour la médecine humaine, la médecine vétérinaire, la dentisterie et dans les études de biologie fondamentale. Près de 15 % pour la production et le contrôle de qualité des produits et dispositifs employés en médecine humaine, médecine vétérinaire et dentisterie.
Des conditions d'expérimentation sur les primates désormais très réduites Un rapport du conseil des conseils des NIH[1] (principale organisation de recherche publique sur la santé aux États-Unis) préconise l'arrêt quasi-total des expérimentations sur les chimpanzés. Ainsi, ce sont 400 animaux qui vont être mis à la retraite. Les NIH prévoient toutefois de garder une cinquantaine de primates pour les expériences futures.
Pourquoi cette sensibilité soudaine à l'égard des chimpanzés ? Parce qu'ils sont proches de l'Homme, et parce que le rapport est arrivé à la conclusion que
la plupart des expérimentations sur les chimpanzés étaient inutiles sur le plan scientifique. Le recours aux singes ne se fera plus que dans des cas indispensables.
Les expériences sur les primates ne seront autorisées que si elles sont absolument indispensables pour améliorer la santé humaine, si aucun autre animal ne doit pouvoir être utilisé à la place, et s'il est impossible de mener les études sur les hommes pour des raisons éthiques.
Les singes continueront donc probablement d'être utilisés pour la recherche de vaccin contre l'hépatite C et pour le développement d'anticorps monoclonaux[2].
De plus, les études menées sur le comportement et la génétique des chimpanzés devront obéir à des clauses très strictes concernant leur habitat et leurs conditions de détention. Ainsi, en raison du besoin des primates (comme des Hommes) d'entretenir des relations sociales, ils devront être gardés en groupe de minimum 7 singes, avec 100 m² d'espace par animal et la possibilité de grimper quand ils le souhaitent.
Le prochain combat des associations américaines de défense des animaux sera probablement les laboratoires privés et les universités américaines, qui garderaient encore 350 chimpanzés à des fins de recherche.
Vous fumez ? Saviez-vous que la majorité des cigarettes sont élaborées en utilisant des animaux (dont des singes) dans des tests écoeurants ?
La campagne belge contre l'interdiction des expériences sur les singesL'expérimentation sur les animaux est autorisée en Europe et aux États-Unis. Plusieurs associations, dont la Coalition Anti Vivisection[3] (CAV), militent depuis longtemps pour l'abolition de ces pratiques. Selon un sondage réalisé par le CAV, 79% des belges flamands exigent l'interdiction des expériences sur les singes.
Par exemple, plusieurs militants déguisés en singe ont visité différents partis politiques flamands le 23 janvier 2013. Le NVA[4] et le SPA[5] ont semblé réceptifs aux arguments du CAV et ont déclaré s'apprêter à reconsidérer leur position.
En finir avec l'expérimentation animaleL'association One Voice[6] a elle aussi fait de « la santé sans torture » son cheval de bataille depuis 1995.
Selon André Ménache, vétérinaire et directeur exécutif du groupement scientifique Antidote Europe[7], les tests sur les animaux «
ne résistent pas à un examen scientifique ». En effet, le cerveau humain est très différent de celui des primates non-humains et ne fonctionne absolument pas de la même façon. Les résultats de l'expérimentation animale ne sont pas transposables à l'humain, ni d'une espèce animale à une autre. Les expériences menées sur des cobayes ne permettent d'établir aucune certitude concernant les effets de ces substances sur les humains.
En effet, les hommes ne sont pas des rats de 70 kgs martèle Antidote Europe qui démontre que les méthodes actuelles pour évaluer la toxicité des médicaments ne sont pas efficaces et mettent donc la santé humaine en danger en plus de faire souffrir inutilement les animaux, tout simplement parce que l'animal n'est pas le modèle biologique de l'homme.
Dans un rapport de juin 2010 sur les expériences menées en neurologie sur les primates, André Ménache a dressé le bilan de plusieurs décennies d'expériences sur les animaux. Il s'avère peu concluant : les singes ont été utilisés de manière improductive dans la recherche sur l'AVC, la maladie d'Alzheimer ou encore de Parkinson. Les conditions de détention des animaux (isolement, ennui, souffrances...), qui les privent d'interactions sociales ou avec leur environnement naturel, conduit à mener des recherches sur des animaux atteints de troubles du comportement. Elles sont donc biaisées dès le départ.
Sur les plans éthiques et scientifiques, la poursuite des tests sur les animaux ne semble donc pas justifiée. En neurologie, de nombreuses alternatives à l'expérimentation animale existent (imagerie, outils neurophysiologiques pour comprendre les systèmes neurologiques humains), comme le rappelle le Dr Aysha Akhtar, médecin et chercheur en neurosciences.
One Voice a également défendu l'abolition des expériences sur les chiens et les chats, après une enquête approfondie sur ces pratiques, dans un rapport de 2009. Les conditions de détention scandaleuses, les manipulations relevant de la torture et l'absence de résultats prouvent l'inutilité de ces expériences sur le plan scientifique. En effet, les résultats obtenus ne sont pas directement applicables à l'Homme.
La législation suisse : un exemple à suivre ? L'Europe pourrait prendre l'exemple de la Suisse, qui interdit les expériences sans que soient évalués au préalable les bénéfices pour la société au regard de la souffrance infligée aux animaux. Ainsi, la Haute Cour de Zurich a interdit deux expériences sur des macaques en 2009. Les autorisations peuvent être contestées par un comité consultatif d'experts non impliqués dans l'expérience, ce qui garantit l'indépendance des décisions et le débat.
Pour l'heure, la loi européenne permet d'attaquer en justice les expériences in vivo[8] lorsque « des données équivalentes peuvent être obtenues par une méthode n'utilisant pas d'animaux. »
Quelles sont les méthodes alternatives ?
Militer contre l'expérimentation sur les animaux est une chose. Trouver des méthodes alternatives qui soient acceptables sur le plan éthique en est une autre. Sur ce point, One Voice souligne l'existence de méthodes substitutives, qui seraient « plus fiables, moins coûteuses et aux résultats plus rapides ».
« Cultures de cellules, de tissus, d'organes, recours à des micro-organismes, biologie moléculaire, études de tissus post-mortem, simulations sur ordinateur, études statistiques et épidémiologiques sur les populations, recherche clinique sur patients volontaires, dissection virtuelle » seraient des solutions possibles pour tester la toxicité de substances. Cependant, One Voice dénonce un manque de volonté politique et l'emprise des lobbies de l'expérimentation animale.
Par conséquent, lycéens, étudiants et chercheurs français n'ont pour l'heure pas d'autre choix que de pratiquer ce type d'expériences, même lorsqu'elles sont contraires à leur éthique. L'association milite donc pour le droit à « l'objection de conscience à l'expérimentation animale ».
3 milliards d'euros seraient aujourd'hui consacrés en Europe à l'expérimentation animale, contre 12 millions d'euros pour le développement d'alternatives. Il faut donc doter la recherche de plus de moyens. L'Union Européenne encourage déjà le développement de méthodes substitutives. Certains pays ont interdit la méthode de l'ascite[9] sur les souris, mais celle-ci continue à être utilisée notamment par la France.
One Voice a par ailleurs co-développé le standard « sans cruauté » et lancé son propre label, qui certifie que les produits n'ont fait l'objet d'aucune expérimentation animale.
Sources
- Les chimpanzés américains ne serviront plus de cobaye – Le Figaro
- Sixième rapport sur les statistiques concernant le nombre d'animaux utilisés à des fins expérimentales et à d'autres fins scientifiques dans les États membres de l'Union européenne - Rapport de la Commission au Conseil et au Parlement européen
- Abolition de l'expérience animale – One Voice
- La CAV accomplit une action chez les partis politiques flamands pour l'interdiction juridique des expériences sur singes ! - CAV
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